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Actualité

Histoire et Mémoire dans le roman espagnol contemporain (1980-2015) Sur quelques œuvres d’Antonio Muñoz Molina

Date(s)

le 15 mars 2022

de 18h00 à 20h00
Lieu(x)
Amphi Yvette VARVOUX (ex Beaumont) Plat d’Etain

Présentée par Jacques SOUBEYROUX

Agrégé d’espagnol, Docteur ès-Lettres, a été Professeur des universités de Montpellier et de Saint-Etienne et Président de la Société des Hispanistes Français de l’Enseignement Supérieur. Il a dirigé une vingtaine d’ouvrages, en France et en Espagne et il est l’auteur d’une centaine d’articles qui portent principalement sur l’histoire sociale et culturelle de l’Espagne du XVIIIe siècle à laquelle il a consacré sa thèse de doctorat d’État (Paupérisme et rapports sociaux à Madrid au XVIIIe siècle,1976). Au cours des dernières années il a travaillé plus particulièrement sur l’œuvre de Goya (Goya politique, 2011, édition espagnole, Goya político, 2014) et sur le roman espagnol contemporain.

Présentation de la conférence.

L’une des caractéristiques du roman espagnol contemporain est la place qui y occupe ce que l’on a appelé le « roman de la mémoire », qui n’a plus rien à voir avec les « romans-mémoires » classiques (l’Abbé Prévost ou Marivaux) parce que, bien que fondamentalement différent du roman historique) il est le résultat d’un contexte historique particulier, le silence et l’oubli imposés par la dictature franquiste jusqu’en 1975. C’est après la mort du dictateur que se développe ce nouveau sous-genre qui accorde une place importante à la mémoire, non seulement celle de la guerre civile de 1936-1939, longtemps restée un sujet tabou, mais celle des générations antérieures à la guerre, et plus généralement celle de l’histoire, espagnole ou étrangère, du XXe siècle.

Je me propose d’étudier trois exemples de ce sous genre du roman empruntés à l’un des auteurs les plus représentatifs du nouveau roman espagnol, Antonio Muñoz Molina, né en 1956 :

  • Le royaume des voix (titre espagnol El jinete polaco, 1991), où sont évoquées les années d’enfance et d’adolescence dans une petite ville andalouse d’un héros qui n’est qu’un double de l’auteur,
  • Dans la grande nuit des temps (titre espagnol La noche de los tiempos, 2009), dont le héros est un architecte, lié aux grandes personnalités de la seconde république espagnole, qui réussit à s’échapper de Madrid quand éclate la guerre civile en 1936 pour se réfugier aux Etats Unis,
  • Comme l’ombre qui s’en va (titre espagnol Como la sombra que se va, 2014) qui mêle le séjour à Lisbonne de l’assassin de Martin Luther King au cours de sa fuite en 1968, au souvenir du séjour que l’auteur luimême avait effectué dans cette ville quand il écrivait son deuxième roman, L’hiver à Lisbonne, en 1987.

Ces trois exemples nous permettront de découvrir les différentes modalités de la mémoire (individuelle, collective) mises en œuvre par l’auteur et de mesurer leur fonction dans la construction du récit.