Aline Mura-Brunel est Professeur des Universités retraitée, Agrégée et Docteur ès lettres, HDR. Elle est spécialiste de la littérature française du XIXe siècle et de la littérature contemporaine. Après avoir beaucoup écrit sur l’œuvre d’écrivains des XIXe et XXe siècles (Honoré de Balzac et Marguerite Duras en particulier), elle s’est consacrée ces dernières années à l’étude d’auteurs contemporains (Bernard-Marie Koltès, Patrick Modiano, Fabrice Humbert).Trois essais, parus respectivement en 2015, 2017 et 2020, Des Voix dans la nuit, Les Lieux du trouble et La Voix singulière de Fabrice Humbert en témoignent. Présentation de la conférence. Nous croyons tous connaître Marguerite Duras – sa vie, son œuvre, ses frasques de journaliste et d’amante, son alcoolisme, son moi démesuré, les lieux où elle a séjourné et qu’elle a décrits ou plutôt inscrits dans la page et dans nos mémoires. Ce serait si facile, si tentant de la réduire à cela. Et pourtant, elle nous échappe toujours. Rarement un écrivain de cette envergure ne s’est autant livré, raconté, tout en restant auréolé de mystère. Il en va de même pour son œuvre, paradoxale et protéiforme, dans laquelle les personnages sont évanescents, les lieux se confondent, les intrigues se superposent, le silence s’écrit et se crie. Or, ses récits, qui nous envoûtent, nous déroutent. C’est pourquoi, je vais tenter d’éclairer, autant que faire se peut, une part infime de l’énigme Duras et de son œuvre, en choisissant de sonder quelques textes majeurs de la romancière, tels que Le Ravissement de Lol V. Stein (1964), Le Vice-Consul (1966) et La Pluie d’été (1990).