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Actualité

Les Xénogreffes : un véritable progrès médical

Date(s)

le 22 mai 2025

de 18h00 à 20h00
Lieu(x)
Salle Rabelais (Espace Jacques Chirac)
Esplanade des Droits de l'Enfant
37540 Saint-Cyr-sur-Loire

Le Professeur Yvon Lebranchu est membre de l’Académie Nationale de Médecine. Il a été Professeur d’Immunologie cl nique à la Faculté de Médecine de Tours. Parallèlement il a créé et dirigé pendant 30 ans le service de Transplantation rénale du CHU de Tours et une équipe de recherche sur l’immunologie des greffes, actuellement équipe INSERM UMR 1327 « Ischemia ».

                                                                                          

La transplantation d’organes humains (allogreffe) a été un des grands progrès médicaux du 20ème siècle Malheureusement il existe une pénurie de greffons dans le monde malgré tous les efforts faits pour augmenter le nombre de prélèvements d’organes, que le donneur soit décédé ou vivant. A titre d’exemple, sur les plus de 20000 patients inscrits en liste d’attente en France en 2023, un peu plus de 5000 seulement ont été greffés.

L’idée de greffer à l’homme des organes d’animaux (xénogreffe) n’est pas nouvelle et quelques cœurs et fois de primates ont été greffés dans les années 80. Il s’est avéré rapidement que l’animal de choix était le porc et de nombreux travaux ont été entrepris pour comprendre et combattre les mécanismes du rejet de xénogreffe beaucoup plus importants que ceux d’une allogreffe. 3 structures glucidiques existent à la surface des vaisseaux de porc contre lesquelles nous avons des anticorps naturels, anticorps qui se fixent immédiatement sur les vaisseaux du greffon et entrainent en quelques minutes un rejet hyper-aigu irréversible. De plus ont été découverts dans le génome des porcs des rétrovirus porcins risquant de proliférer en cas de greffe chez l’homme et d’entrainer une pandémie mondiale. Aussi, en 1999, un moratoire a été décidé sur le plan international pour surseoir à toute xénogreffe tant que ces problèmes n’auraient pas été résolus.

Les progrès récents en génétique moléculaire permettent d’éliminer des gènes et d’en « greffer » d’autres. Aussi des équipes américaines et chinoises ont « humanisés » des porcs en apportant des gènes humains de régulation de la réponse immunitaire et de la coagulation et en éliminant les 3 gènes permettant la synthèse des structures glucidiques (contre lesquelles nous avons des anticorps naturels) et les 50 gènes des rétrovirus porcins. Des reins, des cœurs et des foies de ces porcs modifiés « humanisés » ont depuis 2022 été greffés chez des hommes en mort cérébrale dans un premier temps, puis des hommes vivants avec des survies des greffons de plusieurs semaines.

Un pas décisif a donc été franchi et on peut s’attendre a pouvoir greffer de tels organes dans les toutes années à venir, même si un certain nombre de problèmes règlementaires, logistiques, éthiques, financiers et médicaux restent à régler.